Avenir du train, les usagers debout !

Publié le28 janvier 2016 » 4056 Views»

Train : des améliorations en bonne voie ?

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Coller des post-its sur une carte en papier… Les participants de l’atelier public organisé à Vernon sont restés quelque peu dubitatifs quant à la méthode utilisée par Réseau SNCF.

LNPN, Eole, Plan Impact… L’opération séduction de la SNCF, venue à Vernon présenter ses projets, n’a pas séduit les usagers. Ils étaient d’ailleurs nombreux à arborer un brassard « Usager en colère ».

18h30. Rame courte bondée, comme d’hab’. Épuisant. Merci SNCF ». Ce genre de remarque, ici postée sur la page Twitter de l’association des usagers Vernon Train de Vie, fait malheureusement partie des conversations quotidiennes des usagers du train à Vernon depuis plusieurs années. Si les pouvoirs publics et la SNCF sont conscients de ce problème et tentent d’y remédier avec certaines initiatives, Sébastien Lecornu, président du Département de l’Eure, compte bien faire entendre la voix des Vernonnais (et des Bueillois) au milieu de tous ces projets qui ont la fâcheuse manie de passer près de Vernon sans marquer l’arrêt…

2030, la Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN)

De Cherbourg à Mantes-la-Jolie, le projet de la future LNPN, maintes fois retravaillé et réorienté, inquiète tout autant qu’il provoque la curiosité des usagers. Aujourd’hui en phase d’étude des fonctionnalités et du tracé, l’initiative portée par la SNCF fait suite à la volonté du gouvernement et des élus locaux de l’époque d’améliorer l’accès aux villes normandes depuis Paris, tout en facilitant les voyages intra-régionaux.

La LNPN découle également d’une mesure du Grenelle de l’Environnement qui annonçait la construction de 2000 km de voies nouvelles d’ici 2020, principalement des lignes à grande vitesse (LGV). L’objectif de la LNPN affiché par la SNCF a de quoi séduire : « Augmenter durablement la capacité des lignes, assurer une meilleure ponctualité des trains franciliens comme des trains normands et renforcer la desserte des territoires, des villes et des ports ». Seul hic : la ligne a pour projet de desservir notamment Mantes et Évreux, mais pas Vernon.

Les temps de trajet en question

Pourtant, Vernon Train de Vie fait savoir qu’elle est « intéressée par le projet » et qu’elle a en outre « de fortes attentes » à ce sujet. Mieux, elle déclare dans un document que « la ligne nouvelle entre Paris et Mantes est indispensable et urgente ». C’est donc la perspective d’une amélioration des conditions de voyage sur une partie du trajet Vernon/Paris qui semble réjouir les usagers. « La LNPN permettra d’améliorer ces temps de trajet, grâce aux voies nouvelles dans le Mantois », avance Didier Jaumet, président de l’association.

En effet, le temps de trajet en question passerait, selon les estimations de Réseau SNCF, de 50 à moins de 45 minutes. Une trop faible amélioration selon les usagers, qui ne manquent pas de rappeler qu’un second projet, concernant le prolongement du RER E jusqu’à Mantes, aura déjà pour conséquence le gain de quelques minutes : « avec une liaison nouvelle entre La Défense et Mantes qui devrait éviter les ralentissements imposés le matin, on doit pouvoir proposer comme objectif aux Vernonnais un temps de parcours inférieur à 40 minutes ! », indique un commentaire d’internaute.

Pour d’autres, les 45 minutes promises par la SNCF sont déjà une réalité (autrement dit, les chiffres auraient été exagérés pour vendre le projet). Si c’est effectivement le cas, la plus-value temps pour les Vernonnais serait a priori nulle.

Hypothèses à tout va

D’autant plus que les tarifs de la future LNPN, aujourd’hui inconnus, entreront en jeu lorsque les seinomarins choisiront d’utiliser la ligne nouvelle ou l’actuelle, qui restera sans doute moins chère…

Pas de certitude, donc, quant à la désaturation des wagons aux heures de pointe. À l’inverse, si les voyageurs décident d’utiliser massivement la future ligne, quid de l’actuelle liaison TER ? En effet, il est facile d’imaginer que les Havrais et les Rouennais privilégient la future LNPN pour leurs trajets quotidiens vers la capitale (gain de temps estimé pour eux entre 10 et 30 minutes environ) ; ce qui contribuerait à vider drastiquement une partie des trains TER, actuellement saturés en pointe. Hors de question toutefois, pour l’équipe municipale, d’assister à une réduction du nombre de trains si ce scénario devait se produire.

Les Vernonnais ont et auront besoin de ces liaisons. Beaucoup d’hypothèses différentes qui s’entrecroisent autour de ce projet, qui n’en est encore qu’à ses débuts. Il est aujourd’hui difficile d’avancer des éléments concrets, étant données les centaines de paramètres à prendre en compte. Rappelons également que les premiers programmes LNPN dits « prioritaires » ne verraient le jour qu’à l’horizon 2030 !

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Distribution de brassards à la gare avant le train de 7h39. Le porter, c’est protester !

 

 

S’impliquer pour ne pas être oubliés

La SNCF et l’État l’ont, à force, bien compris : les nouveaux projets ne pourront être menés à bien sans l’implication des citoyens. D’où cette tendance à la concertation, un outil qui permet, lorsqu’il est correctement utilisé, de prendre en considération les avis des usagers qui par définition connaissent très bien le terrain en question et les problématiques qui y sont liées.

Aussi, c’est sur Internet que la concertation s’est d’abord concrétisée. Le site carticipe.lnpn.fr a été accompagné par des ateliers thématiques organisés lors de rencontres publiques, dont la sixième et dernière fut à Vernon le 13 janvier (à la demande de Sébastien Lecornu, qui avait vivement exprimé la volonté d’impliquer la ville dans ces séances). En quelques mois, plus de 1200 avis ont été prononcés. Parmi les commentaires, certains manifestent par exemple le regret que Vernon ne puisse être intégré dans le forfait Navigo, réservé aux usagers d’Île de France.

D’autres s’interrogent sur le fait que la ville ne figure pas sur le tracé malgré les centaines de milliers de touristes qui visitent Giverny et qui transitent pour bon nombre d’entre eux par la gare. Franck habite les alentours de Vernon et se rend chaque jour à Paris pour travailler. Il témoigne : « On se sent vraiment sacrifié… », soupire-t-il en précisant avec ironie que la SNCF a tout fait pour saboter cette réunion (le train en provenance de Paris, en retard ce soir-là, a fait rater le début de la réunion à plusieurs usagers, y compris l’intervenante Anne-Marie Charvet, en charge du dossier à la Commission nationale du débat public). ajoute l’usager. Reste à savoir dans quelle mesure les suggestions des participants seront considérées. Affaire à suivre…

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Attendre 2030 ? Pas question !

Les voyageurs ne seront pas, on l’espère, laissés à leur triste sort pendant quinze ans encore. À court terme, c’est vers un autre dispositif que leurs attentes se concentrent : le Plan Impact. Destiné à améliorer le service sur les lignes normandes, ce plan a été annoncé en 2015 par Guillaume Pépy, le président de la SNCF, qui déplore une ponctualité de seulement 89 %. Le projet comprend une série d’actions visant à désaturer la ligne et améliorer le confort et l’information des voyageurs, pour une enveloppe de 375 millions d’euros d’ici à 2020. Les travaux porteront notamment sur la réfection de tunnels, le remplacement de voies, la signalisation et l’alimentation électrique. Ancienne, laissée de côté pendant plusieurs années, la vieille ligne normande a déjà fait l’objet de financements récents. Mais les travaux ont malheureusement eu un impact négatif sur la régularité… Et vous, avez-vous constaté des changements en 2015 ?

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