la Seine sépare les armées française et allemande, mais pour combien de temps encore ?
Le 8 juin 1940, la Luftwaffe bombarde Vernon. Les civils fuient la ville qui se vide en quelques heures. Vernon brûle… Les soldats de l’armée française arrivent, peu nombreux et en ordre dispersé pour tenter d’arrêter l’ennemi sur les berges de Seine. En face, les Allemands entrent dans Vernonnet.
Par Benoît Cottereau
Le général Weygand vient d’ordonner à tous les soldats disponibles en Normandie et en région parisienne de se porter en Basse-Seine. Le 8 juin, les Allemands étaient à Gournay-en-Bray. Le 9, un ultime bond les porte aux Andelys, à Courcelles et dans Vernonnet.
Des troupes françaises disparates constituent des points d’appuis le long du fleuve à Vernon. On identifie quelques poignées de soldats locaux, issus du Parc régional de réparation et d’entretien du matériel (Quartier Avenay) et du Dépôt d’artillerie 303 (Écuries des Gardes). Des artificiers du 2e régiment du Génie ont reçu la mission de miner les deux ponts vernonnais (ceux du chemin de fer et du pont routier). A 14h30, tandis que les Allemands entrent dans Vernonnet depuis les routes descendant du Vexin, les deux ponts sont détruits.
Les deux rives sont désormais séparées
De maigres troupes sans armement lourd, se présentent en renfort : une trentaine d’hommes du 211e régiment régional d’infanterie, un faible détachement du 431e régiment de pionniers, des isolés de la 919e compagnie des carburants, deux compagnies issues du 4e régiment de marche de zouaves et quelques rescapés exténués du 44e régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalaise sous les ordres du commandant Raoul Salan.
Les échanges de tirs s’intensifient entre les deux rives. Les Allemands ont quant à eux, l’avantage des hauteurs de Vernonnet. De passage par Vernon, Pierre Mendès-France (député-maire de Louviers) doit abandonner sa voiture, quai Caméré. Criblée de balles allemandes, elle n’ira pas plus loin.
Le lendemain matin, à la faveur de la brume matinale, les forces allemandes franchissent la Seine en face de la rue de Folenrue à Vernon et de l’usine Bata à Saint-Marcel. La Seine dorénavant n’arrêtera plus l’invasion.