Le centre hospitalier (CH) Eure-Seine se porte beaucoup mieux. Après avoir traversé une période difficile, l’établissement public, duquel dépendent les hôpitaux de Vernon et d’Evreux, a assaini ses finances et dispose d’un cap clair.

Placé pendant un temps sous administration provisoire, le CH Eure-Seine entamait une nouvelle dynamique il y a un an. Et celle-ci semble déjà porter ses fruits. « Depuis que j’ai été nommé à la tête du conseil de surveillance du centre hospitalier, en 2020, je bataille pour la reprise en main de l’établissement », appuie François Ouzilleau, maire de Vernon, « aujourd’hui, l’ambiance est apaisée, une partie du déficit a été comblée et le dialogue a repris entre la direction et les équipes administrative, médicale et soignante ». En juin dernier, les instances du CH validaient une charte de gouvernance permettant d’établir clairement son fonctionnement et les interactions entre les différents acteurs internes. « Nous avons, surtout, établi une feuille de route afin de définir les missions du centre hospitalier sur ses deux sites », détaille Jérôme Rifflet, le directeur, « elle établit des projets jusqu’en 2027. » A Vernon, le centre hospitalier mise, notamment, sur l’ambulatoire, c’est-à-dire des prises en charge qui ne nécessitent pas de passer la nuit à l’hôpital. « Les pratiques évoluent, aujourd’hui la pose d’une prothèse de hanche peut se faire en une journée », assure M. Rifflet. Ce « virage ambulatoire » permettra le développement de spécialités comme l’oncologie ou l’hématologie. Corollaire de cette réorganisation, l’ouverture de lits dans plusieurs services : huit dans l’unité de court séjour gériatrique et trois en médecine polyvalente, ainsi que la création d’une seconde aile dédiée aux soins de suite.

Les urgences pourront accueillir 30 000 passages par an

« A Vernon, l’autre grand projet est la refonte intégrale des urgences attendue depuis 10 ans », souligne François Ouzilleau. Poussé par la municipalité et financé par l’Etat et la Région, le chantier fera passer ce service de 800 à 1 300 m² et permettra d’implanter un système de « marche en avant » afin que les patients ne se croisent pas. Les travaux débuteront l’an prochain pour une livraison en 2027. L’EHPAD Auguste Ridou attend également sa rénovation. Celle-ci devrait avoir lieu entre 2026 et 2028 pour un montant de 17,3 millions d’euros. « L’EHPAD de demain sera ouvert sur la ville et ne disposera que de chambres simples », souligne Jérôme Rifflet. Autant de projets qui assurent la pérennité et le développement de l’hôpital, aujourd’hui certifié « qualité de soins confirmée » par la Haute Autorité de Santé après avoir obtenu le niveau « vert clair » avec plus de 90 % de réussite sur 79 critères.

Jérôme Rifflet

Directeur du CH Eure-Seine

Vous avez pris la tête de l’hôpital en janvier dernier, avec quelles ambitions ?

Cette nomination représente un beau challenge pour moi. Je suis très attaché à notre département mais, précédemment, je travaillais comme directeur-général adjoint du groupement hospitalier du Havre. Ici, ma première mission a été de remettre la machine en route et de remonter la pente financièrement, un objectif partiellement atteint aujourd’hui.

Quelle a été la première mesure mise en place à votre arrivée ?

En 2023, le CH Eure-Seine cumulait 20 millions d’euros de déficit, ce qui a entraîné son placement sous administration provisoire. L’urgence était de juguler cette situation. Nous avons donc acté 80 mesures concrètes comme, par exemple, une facturation plus efficace des actes médicaux. Ce plan de performance 2024-2026 nous a déjà fait récupérer plusieurs millions et permet d’envisager sereinement l’avenir.

Louisa Atmani

Directrice-adjointe chargée des affaires médicales et du site de Vernon

Au sein du CH Eure-Seine, l’hôpital de Vernon connaissait-il des difficultés spécifiques ?

Oui, par rapport à celui d’Evreux, le site de Vernon faisait face à davantage de problématiques de démographie médicale. Il y a eu beaucoup de départs à la retraite en même temps, y compris en ville. Par ailleurs, certains locaux vieillissants n’étaient plus adaptés. Cela donnait une mauvaise image du site et impactait le recrutement. Maintenant, nous avons une feuille de route claire et un projet d’établissement, ça rassure les équipes.

Aujourd’hui, le site de Vernon a-t-il retrouvé son attractivité ?

Pour les médecins, l’hôpital est de nouveau attractif. C’est, en partie, dû au partenariat avec la municipalité qui leur prête des logements. Ainsi, nous avons recruté une nouvelle cheffe des urgences, la Dr Leplomb. Deux autres urgentistes et deux gériatres doivent arriver sous peu. L’hôpital est aussi attractif pour les patients. A titre d’exemple, il y a eu 660 naissances à la maternité en 2023, c’est très satisfaisant.