Collégiale Notre-Dame : le chantier tutoie les anges

Publié le14 mai 2024 » 774 Views»

 

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Les travaux de la phase 2 du grand chantier de sauvegarde de la collégiale Notre-Dame viennent de débuter. Ils dureront jusqu’à fin 2026 avec un objectif : restaurer l’emblématique façade occidentale du monument.

Tailler des pierres à plusieurs dizaines de mètres du sol parmi les saints, les vierges et les gargouilles. La tâche peut sembler gothique. Heureusement, les moyens techniques ont évolué depuis le 14e siècle ! Preuve en est l’immense échafaudage de 500 m² qui orne désormais la façade de la collégiale et dont l’installation s’achèvera fin mai. Jusqu’en juin 2025, il permettra aux artisans d’accéder au portail, à la rosace et au pignon de l’édifice. Ces trois éléments, situés dans la partie centrale de la façade, constituent la première tranche des travaux de cette phase 2. « La priorité est de nettoyer les sculptures des voussures qui furent jadis recouvertes d’un badigeon de plomb », explique Nicole Balmary, maire-adjointe en charge de la culture et du patrimoine, « ce travail de haute précision permettra de révéler d’anciennes traces de pigments car, à l’époque médiévale, les statues étaient peintes. » Cette opération se déroulera jusqu’en juillet et nécessitera la fermeture du portail. Les artisans s’attelleront ensuite au nettoyage de la façade, au remplacement des pierres trop abîmées et à la restauration des sculptures. « Nous respectons au maximum l’identité du monument en utilisant le matériau d’origine, la pierre de Vernon, et en conservant les traces de l’Histoire comme les destructions de la Révolution. » Après un an de travaux, les équipes s’occuperont de la partie nord (gauche) de la façade puis de la partie sud (droite) afin de rénover les bas-côtés et les deux tourelles. L’échafaudage culminera alors à 70 mètres du sol. Comme lors de la phase 1, l’Atelier d’Architecture Richard Duplat, agence spécialisée dans les monuments historiques, est à la manœuvre. Parmi les entreprises sélectionnées, on retrouve notamment TERH, société d’exploitation de la pierre de Vernon.

Des visites guidées du chantier

« Cette phase 2 concerne la partie la plus emblématique de la collégiale, nous souhaitons donc proposer des visites guidées du chantier », se réjouit Mme Balmary. Pour ce faire, un second échafaudage permet d’accueillir du public. Dès l’été, les curieux pourront observer l’avancée des travaux en compagnie d’un artisan ou d’une historienne. Et pour celles et ceux qui veulent se joindre à l’effort, il est toujours possible de faire un don à la Fondation Vernon Patrimoine et de suivre les travaux grâce à la lettre d’actualité dédiée (plus d’infos à venir sur vernon27.fr).

Focus Collégiale 3 Questions à Richard Duplat Architecte Maître d_Oeuvre3 QUESTIONS A

Richard Duplat

Architecte en Chef des Monuments Historiques, Maître d’œuvre du chantier de la collégiale

 En quoi la collégiale présente-t-elle des particularités architecturales remarquables ? 

Ses particularités doivent se comprendre dans un contexte chronologique. La construction commence vers la fin du 11e siècle et se poursuit au début du 12e siècle. La nef est entièrement reprise au 14e siècle. Au 17e siècle, est ajoutée une façade monumentale, dominée par deux flèches encadrant une rose et un gigantesque portail. Ce magnifique exemple du gothique flamboyant normand est considéré comme l’une des plus anciennes églises de Normandie, classée aux Monuments Historiques dès 1862.

Quels sont les enjeux de cette phase n°2 des travaux ?

Les travaux se focalisent à présent sur la façade principale de l’édifice, la plus décorée. Toute la difficulté vise à remettre en état des parements qui n’ont pas reçu de réelle intervention depuis des décennies. Le rétablissement des conditions de présentation de l’édifice constitue l’enjeu d’importance en sachant que la restauration ne devra pas se voir pour les visiteurs.

Comment restaure-t-on un monument sans trahir sa réalité historique ?

On restaure un monument comme un chirurgien maintient la vie d’un patient : après avoir listé les pathologies dont il souffre. On traite déjà les causes avant de s’attaquer aux conséquences. Pour cela, on peut être amené à assurer des greffes, à recoudre des fractures etc. La restauration des éléments sculptés vise en premier lieu des mesures de conservation par des restaurateurs spécialisés. L’intervention sur des sculptures non figuratives disparues ou trop dégradées pourra faire l’objet de rétablissement au cas par cas. Quant aux gargouilles, c’est surtout vers un travail de cicatrisation que leur restauration sera orientée.

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