Richard Duplat : Architecte en charge des travaux de la Collégiale

Publié le27 septembre 2017 » 3169 Views»

« Je suis un conservateur dans l’âme, très attaché au patrimoine »

Avant tout travail, un diagnostic doit être mené sur la Collégiale.

Avant tout travail, un diagnostic doit être mené sur la Collégiale.

Richard Duplat est architecte du patrimoine depuis 1996. Passé par l’école de Chaillot, il travaille à son compte depuis 2005. Ce passionné des monuments historiques travaille pour la ville sur un plan de rénovation de la Collégiale de Vernon, chère aux yeux des habitants.
Rencontre avec celui qui vient en aide à cet édifice dont la construction, l’une des plus anciennes de Normandie, a commencé il y a bientôt 1000 ans !

Vernon Direct  Comment avez-vous pris connaissance de ce projet de rénovation ?

Richard Duplat  J’ai participé à un appel d’offres lancé par la municipalité de Vernon pour restaurer l’édifice et je l’ai remporté. L’objectif à présent est de proposer à la ville un détail de toutes les actions à mettre en place afin de sauvegarder la Collégiale. Pour le moment, nous n’avons pas de budget prédéfini, donc nous allons leur exposer nos conclusions et décider avec eux des travaux les plus urgents à réaliser. De toute évidence, ils se dérouleront sur plusieurs années.

VD  Quelles sont les étapes à réaliser avant de passer aux travaux ?

RD  Avant tout, il faut effectuer le diagnostic. C’est-à-dire qu’il faut se rendre compte de l’altération, de la dégradation et des problèmes dont souffre l’édifice. Il faut faire une sorte d’état des lieux, afin de détecter les urgences. Cette partie a déjà commencé et nous rendrons ce diagnostic début novembre.
Ensuite, nous devrons passer à l’analyse sensible, en prenant en compte le volume de l’édifice. Cette étape consiste à découper le bâtiment par tranches fonctionnelles selon les priorités. Il faut donc définir le juste scénario.
En ce qui concerne les relevés et l’état sanitaire, ce sont des spécialistes qui travailleront dessus. Un bureau d’étude sera affecté à la restauration des décors peints et des sculptures, sous ma direction, pour détecter les pathologies structurelles du monument.  Une fois que tout cela sera effectué, nous ferons un dossier pour consulter les entreprises.

VD  Pourquoi vous êtes-vous intéressé à cet appel d’offre ?

RD  Je suis un conservateur dans l’âme, je suis très attaché au patrimoine et pour moi, restaurer la Collégiale, c’est participer à la conservation de l’Histoire. C’est un bien précieux qu’il faut absolument remettre en état. De plus, ce monument s’avère bien adapté à un projet de restauration,
ce qui n’est pas forcément le cas de tous les bâtiments historiques.

VD  Est-ce que l’état de l’édifice est préoccupant ?

RD  À première vue, il n’y a aucun problème qui mette en péril la conservation de la Collégiale. À part le vieillissement et quelques défauts d’électricité, le bâtiment va bien. Il y a aussi des fissures qui parcourent l’édifice ; notre objectif est d’estimer si leur évolution est terminée ou pas.

VD  Si votre diagnostic et votre scénario de rénovation sont validés par la mairie, quels sont les corps de métiers amenés à travailler sur la Collégiale ?

RD  Nous ferons appel à plusieurs corps de métiers tels que des tailleurs de pierre, des charpentiers, des couvreurs, des maîtres verriers, des sculpteurs et d’autres, tous habitués aux monuments historiques. Ils interviendront probablement à différents moments et ne seront pas tous présents
à la Collégiale en même temps.
Ce sont des personnes très compétentes, passionnées, et qui maîtrisent leur métier. Une trentaine de compagnons travaillera sur l’édifice. Ils sont très précis et techniques.
D’ailleurs, c’est dommage parce qu’aujourd’hui, la société valorise plus les métiers intellectuels que manuels. Par conséquent, nous manquons de personnes compétentes. Ces métiers sont en voie de disparition.

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