Revivifier l’activité du centre des villes moyennes est un enjeu national. Un défi qu’a su relever Vernon, notamment en échangeant avec ses consœurs.
Avec ses rues à colombages et ses commerces de bouche réputés, Vernon peut se targuer d’avoir un centre-ville actif. Maintenir ce dynamisme est cependant une tâche de longue haleine pour la municipalité qui multiplie les initiatives en ce sens. Loin d’être la seule commune normande à connaître ce type de problématiques, l’idée a germé d’aller voir ce qui se fait ail-leurs. C’est pourquoi le 19 septembre, une délégation composée d’élus et de représentants des commerçants de Vernon et de Saint-Marcel s’est rendue à Saint-Lô, sous l’égide de Seine Normandie Agglomération. Un voyage de travail placé sous le signe de l’échange. Si la préfecture de la Manche a été choisie, c’est qu’elle fait figure de bon élève en terme de dynamisme. En 2017, elle a d’ailleurs été numéro 1 du palmarès Procos qui récompense les villes moyennes les plus actives. Avec ses 19 000 habitants, Saint-Lô n’est pas sans rappeler Vernon. D’ailleurs toutes deux ont été sélectionnées par l’Etat pour le plan « Action cœur de ville » en faveur des villes moyennes.
Revivifier un urbanisme vieillissant
« Saint-Lô a été détruite à 97% pendant la seconde guerre mondiale, puis reconstruite selon un urbanisme aéré », explique François Brière, le maire, en guidant la délégation vernonnaise pour une promenade dans la ville. Les immeubles sont donc organisés en îlots autour de cours intérieures. Problème : les bâtiments ont vieilli, entraînant jusqu’à 26% de logements vacants et l’utilisation anarchique des cours. De 2012 à 2017, la ville a donc subventionné la rénovation de 500 logements ainsi que la création de copropriétés. Une modernisation qui n’est pas sans rappeler ce qu’a entrepris la mairie de Vernon à travers, notamment, le plan façades, qui accorde jusqu’à 20% d’aides pour le ravalement des bâtiments du centre. Mais aussi la politique de travaux de voirie symbolisée par la création d’un boulevard urbain avenue de Rouen. Parallèlement, la sécurité est restée une priorité du maire, François Ouzilleau, avec un renforcement de la police municipale et de la vidéo-protection pour un centre où il fait bon flâner.
Rendre la ville attractive
A l’instar du Havre, Saint-Lô est une ville de béton qui a perdu une grande partie de son patrimoine. A l’écart des grands sites touristiques, elle peine à attirer les visiteurs. Comme le souligne François Brière, « la mairie souhaite changer cette image de ville grise ». Une volonté matérialisée par un vaste projet de refonte de l’espace public et la participation au rachat d’un haras national vendu par l’Etat. A Vernon, le problème ne se pose pas, tant la ville jouit de la proximité de Giverny. Mais, loin de s’endormir sur ses lauriers, la municipalité valorise ses atouts, avec par exemple le plan lumières qui a permis l’illumination de bâtiments emblématiques, comme le Vieux Moulin. Un effort poursuivi par le plan fontaines et la restauration de plusieurs d’entre-elles, le plus bel exemple restant celle de la place de Paris.
UCIAL : l’union fait la force
Mais pour faire vivre un centre-ville, le nerf de la guerre reste les commerces. Pour les valoriser Vernon a plus d’un tour dans son sac. Au centre de cette stratégie, le Fisac, un fonds qui permet aux commerçants d’obtenir jusqu’à 10 000 € d’aides. Autre mesure mise en place par Sébastien Lecornu, alors président du Département de l’Eure : le remboursement de 50% de la taxe foncière. Et pour chasser les « dents creuses », ces locaux commerciaux qui ne sont pas loués, la mairie a imposé à leurs propriétaires une taxe sur les friches commerciales. Afin de faire connaître ces démarches, Seine Normandie Agglomération n’a pas hésité à embaucher un manager de centre-ville, Louis Michallet. Son rôle : renforcer le lien avec les professionnels. A Saint-Lô, cela fait 4 ans que Lucie Poussier occupe ce poste, à une différence près : elle est recrutée par l’union des commerçants et des artisans (UCIAL). Contrairement à Vernon, il n’en existe qu’une et elle regroupe 195 commerçants sur les 300 que compte la ville. Une force de frappe qui permet d’organiser 18 animations par an (Pâques, Saint-Valentin Black Friday…).
« Mon but est de faire venir à Saint-Lô, je fais beaucoup de communication », détaille-t-elle. Ainsi, elle a développé une page pour chaque adhérent sur le site web de l’UCIAL et les pousse à s’inscrire sur Facebook. Parallèlement, une carte de fidélité et des chèques cadeaux ont été développés. « Ce sont des idées que j’ai déjà eu », estime Sylvie Chevauché, présidente de l’UCIAL Les vitrines de Vernon, « mais cela fait 4 ans qu’ils ont un manager de centre-ville, ils ont donc eu le temps d’évoluer ». « En tout cas, c’est intéressant de voir que nous avons exactement les mêmes problématiques », rajout-elle. Quant au maire de Saint-Lô, il a été séduit par l’ampleur des événements mis en place par Johan Auvray, maire-adjoint en charge de la dynamisation commerciale, en collaboration avec les commerçants. A charge de revanche, une délégation saint-loise nous rendra bientôt visite afin de découvrir la vitalité vernonnaise.
3 questions à…
François OUZILLEAU, Maire de vernon, Conseiller régional de Normandie
En quoi consiste le projet Action Cœur de Ville ?
Action Cœur de Ville est une opération conduite par l’Etat dont l’objectif est de revitaliser et de redonner de l’attractivité aux centres-villes de taille moyenne. Vernon a été choisie parmi les 222 communes qui se partageront pas moins de 5 milliards d’euros. C’est une opération qui se veut souple. Suite au comité de pilotage du 12 octobre en présence de Sébastien Lecornu et du préfet, nous aurons déjà des premiers outils d’intervention avant Noël. C’est un système novateur, et on va prouver que ça marche à Vernon.
Quels sont les projets majeurs d’Action Cœur de Ville ?
Nous allons nous appuyer sur l’existant pour obtenir des effets démultiplicateurs. Tout d’abord en luttant contre les logements vacants ou insalubres, en rénovant les habitations délaissées et en créant un guichet unique pour les propriétaires, copropriétaires, bailleurs etc. Au niveau culturel, nous allons bâtir un cinéma multiplex. Pour ce qui est du patrimoine, la Fondation Vernon Patrimoine, créée en 2016, est chargée d’attirer les mécènes en vue de la rénovation de la collégiale. Enfin, Vernon repense actuellement son cœur de ville et proposera à ses habitants une consultation digitale pour arbitrer le choix du centre-ville de demain.
Quels sont les dispositifs déjà existant à Vernon ?
Aujourd’hui, et depuis quatre ans, nous sommes certains que la redynamisation d’une commune commence toujours par son centre-ville. En ce sens, la municipalité porte de nombreux projets depuis 2014. Cela inclut les plans façades, fontaines et lumières, les aides du FISAC, la taxe sur les friches commerciales, le remboursement partiel de la taxe foncière pour les commerçants éligibles, le recrutement par SNA d’un manager de centre-ville ainsi qu’un événementiel renforcé.