Le 15 février dernier, Mme Brioult a soufflé ses 106 bougies. Autonome et vivant avec sa famille, la doyenne de Vernon poursuit tranquillement le cours d’une vie débutée… en 1917 !
Quelles étapes ont jalonné votre si longue vie ?
Aujourd’hui, tout me paraît lointain ! Mon enfance, à Nancy dans les années 20, a été heureuse. Je pratiquais la natation et je crois être la première femme à avoir nagé le crawl dans la Meurthe ! J’ai même été championne de Lorraine. C’était rare pour une femme et les hommes, à la piscine, étaient surpris ! Quand j’avais 16 ans, nous sommes montés à Paris. Je fréquentais alors un café, Au Sabot Bleu, où je suis devenue amie avec Simone Signoret. Puis la guerre est arrivée… Mon frère jumeau a été le premier soldat français à être amputé en 39-45, puis il s’est enfui d’un camp de concentration. Mon second frère a survécu à l’attaque de son avion en s’éjectant du cockpit avec plein d’éclats d’obus dans le corps. Moi, je suis devenue modiste car j’étais douée de mes mains !
Quand avez-vous passé vos plus belles années ?
Dans les années 70. Avec mon mari, nous avions emménagé dans un petit château vers L’Aigle. Il n’y avait pas grand-chose à faire alors j’ai créé un spectacle annuel pour les habitants. J’ai réuni tous les hommes du coin et je leur ai fait préparer un numéro de ballet en tutu. Puis j’ai fait croire au public que j’avais invité le Bolchoï. Qu’est-ce qu’on riait ! Mon mari m’avait acheté une moto. Une motarde c’était peu courant à l’époque !
Pouvez-vous nous confier le secret de votre longévité ?
L’activité physique m’a conservée ! J’ai toujours beaucoup travaillé de mes mains. On ne me voyait que sur un échafaudage et l’on m’offrait des outils pour Noël. Ça impressionnait les hommes. Et j’ai toujours beaucoup marché, je crois que c’est cela mon secret !