CNMO-TSR – L’armée des ondes

Publié le4 mars 2025 » 78 Views»

Il y a toujours eu des militaires à Vernon. Si leur présence se fait plus discrète aujourd’hui, la ville n’en reste pas moins un centre stratégique pour la défense nationale et les télécommunications entre armées.

Tous les Vernonnais l’ont déjà aperçu. Du haut de ses 98 mètres, un pylône domine la côte Saint-Catherine, l’une des collines de Vernonnet. Ce mât gigantesque ne représente que la partie émergée d’un iceberg nommé CNMO-TSR, pour Centre national de mise en œuvre des télécommunications spatiales et radio. Le site de 130 hectares, jadis 8ème Régiment de Transmissions, abrite désormais une dizaine d’hommes rattachés à la DIRISI, la direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information, dépendante de l’Etat-major des Armées. Mais, en réalité, cette base ne symbolise qu’une seule face de la même médaille. L’autre se situe à une centaine de kilomètres, dans le village eurélien de Favières. « Vernon constitue l’émetteur du CNMO-TSR tandis que le récepteur se trouve à Favières, nos fréquences sont tellement fortes que cette distance est nécessaire pour éviter tout brouillage », explique le lieutenant-colonel Jean-Philippe, chef du centre de transmission de Vernon-Favières. Les ondes sont, en effet, la raison d’être de ces militaires. « Notre rôle est de permettre les télécommunications des trois armées, nous veillons, en quelque sorte, sur les tuyaux. » Des canaux qui passent par le ciel, via les ondes hertziennes ou haute fréquence, et peuvent atteindre n’importe quel point du globe. Sur le site, des paraboles, une trentaine d’antennes râteaux et la Spiracone, plus grande antenne multidirectionnelle d’Europe. De nombreux émetteurs très puissants y transforment l’énergie électrique en ondes radio. Derrière les treillis, un personnel hautement formé et passionné d’électronique veille sur ces appareils, les réparant au besoin.

8,5 hectares de galeries souterraines

Les militaires et civils du CNMO-TSR travaillent aujourd’hui à l’air libre. Pourtant, jusqu’en 2006, leurs locaux se trouvaient dans les entrailles de la colline. En effet, celle-ci abrite un vaste réseau de galeries souterraines, vestiges des carrières dont l’on extrayait la pierre de Vernon. Utilisés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, ces boyaux sont désormais désaffectés. Un chantier de comblement a débuté l’an dernier afin d’empêcher leur affaissement. En 2026, ces galeries ne seront plus accessibles qu’aux chauves-souris qui s’y abritent depuis des siècles. Et qui maîtrisent, elles aussi, les secrets des ondes.

3 Questions Lieutenant Romaric Chef du Site CNMO-TSR Base Militaire Vernonnet3 QUESTIONS A

Lieutenant Romaric – Chef du site de Vernon

Ce lieu a-t-il toujours eu une vocation militaire ?

Son histoire remonte à plus de 2000 ans. C’est ici, qu’à l’époque gauloise, se dressait l’oppidum de la tribu des Véliocasses. Cet endroit, que l’on appelle camp de Mortagne, était donc déjà une forteresse pendant l’Antiquité. On trouve quelques vestiges de son enceinte, le murus gallicus. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les carrières ont été utilisées comme lieu de repli par le Maréchal Rommel qui dirigeait la défense du mur de l’Atlantique depuis son QG de La Roche-Guyon. Un poste de radio allemand est encore visible dans les souterrains. En 1948, l’emplacement a été acquis par l’armée française. De nombreux Vernonnais y ont effectué leur service militaire. A l’époque, 150 soldats y étaient stationnés dont de nombreux appelés.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a récemment visité le site…

Oui, le ministre est venu inaugurer de nouveaux aménagements en 2024. Ces travaux d’envergure nous ont permis de sécuriser totalement l’entrée de la base et de mettre fin aux intrusions de randonneurs ou de curieux. Cela devenait urgent. En 2021, nous avions déjà détruit l’ancien camp bâti, dans les hauteurs de Manitot, afin d’éviter l’urbex.

Quel avenir pour les galeries souterraines ?

L’infiltration de l’eau dans la roche calcaire crée un phénomène karstique qui engendre un risque d’effondrement. Nous avons donc lancé un chantier en trois phases visant à renforcer et à combler les souterrains. Au total, 100 000 m3 de terre seront utilisés pour les remblayer. A terme, il n’y aura plus de risque d’affaissement de la surface et les entrées seront condamnées.

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