À la rescousse de la collégiale
Le mot « collégiale » vient du terme « collège ». En 1160, Guillaume II, Seigneur de Vernon, fonde un collège de sept chanoines qu’il installe dans l’édi ce. Initialement, les adjectifs collégiale, abbatiale et cathédrale sont ajoutés au mot église pour désigner qui officie dans l’édifice. Crédit Photo Sylvain Bachelot.
Victime du temps qui passe et d’un manque d’entretien dans les années écoulées, la collégiale,
se dégrade de façon alarmante. Elle sera la première bénéficiaire de la Fondation Vernon patrimoine, abritée par la Fondation du patrimoine.
Depuis plusieurs années, la collégiale accumule les dégradations et infiltrations. Fraîchement créée lors du dernier conseil municipal et abritée par la Fondation du patrimoine, la Fondation Vernon patrimoine a retenu la collégiale Notre-Dame comme première bénéficiaire. Maire-adjointe en charge du développement durable, Nicole Balmary constate d’importants dégâts sur ce monument : « Nous avons été alertés sur l’état de la collégiale par les constats du père Le Cam et du conservateur de l’orgue, Alain Brunet. Des travaux partiels ont été menés par certaines équipes municipales, mais rien depuis 2003. Son état nécessite une intervention urgente. »
Une initiative bienvenue, selon France Poulain, l’Architecte des Bâtiments de France (ABF), qui voit dans le patrimoine de Vernon un fort atout culturel : « Vernon n’était pas tournée vers son patrimoine. Aujourd’hui, la ville change et il faut en prendre la mesure. »
Infiltrations
De l’eau s’infiltre régulièrement par les toitures abîmées de l’édifice sur le sol au niveau du bas côté ouest, de la partie est du chevet, sous la toiture du bras sud du transept et dans la réserve du Narthex. De même, dans sa chapelle, la statue de Marie Maignard, la donatrice de l’orgue de la collégiale, a reçu plus d’une goutte d’eau. Tous ces problèmes d’étanchéité témoignent de l’urgence d’agir. L’état de la charpente du bras sud du transept vient d’être mis en péril par la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), donnant ainsi le top départ des travaux de confortement dans un premier temps.
Des travaux plus importants à venir
La mairie a lancé un appel d’offre pour le diagnostic, les estimations et les propositions de travaux pour sauver la collégiale. « En tant que monument classé, ces diagnostics ne peuvent être réalisés que par des équipes agréées par l’État, qui pourra ainsi participer à la prise en charge financière de ces travaux. Les estimations devraient s’élever à des niveaux très conséquents, d’où l’idée de la Fondation Vernon patrimoine et du financement participatif », explique Nicole Balmary.
Historique de la collégiale
« Cette collégiale peut-être tellement belle, il faut la sauver », ajoute l’élue. Pour connaître ses origines, il faut remonter au XIe siècle, comme l’explique Marion Papin, guide à l’of ce de Tourisme des Portes de l’Eure « Assiégée, Vernon voit son édifice religieux détruit. Guillaume de Vernon, seigneur local, entreprend alors de relever et d’agrandir l’édifice. Une grande partie de la collégiale a été érigée entre le XIVe et le XVIe siècle, notamment une majorité de la nef, le triforium, les bas-côtés, les chapelles latérales et la façade. »
Aujourd’hui, il ne subsiste au sein de la collégiale que très peu de témoignages de l’époque romane. L’architecture gothique est la plus présente. La façade de la collégiale en est un très bel exemple puisqu’elle propose à elle seule le style gothique rayonnant (partie basse) et le style gothique flamboyant (partie haute).
Un monument historique en péril
La mousse a envahi la toiture en pierre du bas côté ouest, majorant l’infiltration de l’eau à l’intérieur de la collégiale. La régie municipale ainsi que des bénévoles des Amis de l’orgue de Vernon ont nettoyé cette toiture il y a quelques mois.
Durant les inondations du printemps dernier, un pan de mur s’est décollé du mur voisin de la porte d’entrée située à l’arrière de la collégiale. Abîmée par le temps, intérieurs et extérieurs de notre collégiale vont pouvoir bénéficier de travaux de rénovation grâce à la mise en place de la Fondation Vernon patrimoine.
Le transept côté est a été mis en péril le 17 octobre dernier par la Drac. Sa charpente en bois est en très mauvais état. L’accès à la chapelle du Rosaire, en dessous, est donc interdit. Des travaux de confortement vont être réalisés. Ici, des morceaux de poutres de la charpente sont manquants. Vrillettes et champignons lignivores ont ravagé le bois selon le diagnostic gracieux de M. Pontier, expert en pathologie du bois.
Fondation Vernon patrimoine : Sauvons notre collégiale !
Les travaux de la collégiale seront phasés et s’étaleront sur plusieurs années. Crédit Photo Sylvain Bachelot.
Face à un contexte budgétaire difficile, la municipalité est contrainte de recourir à de nouveaux moyens pour financer les grands projets. La création de la Fondation Vernon patrimoine a été votée lors du conseil municipal d’octobre.
La Fondation Vernon patrimoine a pour objectif de restaurer et valoriser l’héritage local tout en donnant aux Vernonnais la possibilité de participer. « Le mécénat participatif se développe et permet de réaliser de nombreuses opérations pour sauver le patrimoine en danger. Cette fondation abritée offre au public la possibilité de s’associer à ce projet, car le patrimoine de Vernon appartient à tous les Vernonnais », observe Alexandre Huau-Armani, adjoint en charge de la culture, du tourisme et de la ville numérique. « C’est un sujet qui nous rassemble autour de ce qui fonde notre histoire locale, notre qualité de ville et fait notre fierté. Nous avons déjà des promesses de dons. »
Participatif, mais pas que
En étant abritée par la Fondation du Patrimoine, la Fondation Vernon patrimoine bénéficiera de précieux conseils. Pour récolter les fonds nécessaires aux travaux de la collégiale, la mairie ne compte pas seulement sur l’aide des citoyens.
« Nous allons mobiliser tous les partenaires autour de la table pour gérer l’urgence et mettre en place une stratégie de long terme. La mairie apporte une participation de 50 000 euros. Le département, engagé pour la préservation du patrimoine, et l’État, via la Drac, vont eux aussi jouer un rôle important au côté de la Fondation du Patrimoine », relate Alexandre Huau-Armani.
Sébastien Lecornu, président du conseil départemental, a lancé un grand plan patrimoine, a n d’accompagner les travaux de conservation-restauration du patrimoine de propriété publique, inscrits au cœur de projets de valorisation.
Si dans un premier temps, la Fondation Vernon patrimoine prévoit la rénovation de la collégiale, il est tout à fait envisageable qu’elle apporte à l’avenir son aide à d’autres monuments historiques vernonnais, mais pas seulement, comme l’explique l’élu : « Cette fondation peut s’adresser à des bâtiments historiques, des sites naturels comme la Seine, ou encore à la culture. »
Crédit Photo Natalia Bratslavsky
Les vitraux médiévaux de la collégiale sont peu nombreux
à nous être parvenus aujourd’hui. Il demeure néanmoins certains panneaux
ou éléments datant du XVe et du XVIe siècle.
Il en est de même pour les vitraux du XIXe siècle
qui ont été souflés lors des bombardements
de la Seconde Guerre Mondiale. Dans les années 1970,
l’atelier Bony fut le premier à restaurer les vitraux.
Il est à l’origine de la grande rosace qui orne
la façade de l’édifice.
En 1994, l’atelier Chartrain Hermet et Juteau propose des vitraux modernes,
de style abstrait, autour des thèmes bibliques.
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Un concert à la collégiale
Pour le 130e anniversaire de la Philhar, un concert est organisé à la collégiale le dimanche 20 novembre.
Au programme : Cantate Carmina Burana, avec la Philhar, dir. Dominique Collemare, le Chœur d’Annebault, les Voix normandes, Semper Viret et Alain Brunet (orgue).
Plus d’infos : 15h30 – collégiale Notre-Dame de Vernon.
Entrée et participation libre.
