Il y a quelques jours, Vernon fêtait le souvenir de la Libération.
L’occasion de revenir sur un fait marquant survenu une semaine plus tôt, le 18 août 1944.
Jean Luchaire, patron de la presse française, a fui la capitale avec sa famille pour rejoindre le gratin collaborateur à Sigmaringen en Allemagne.
A Vernon, quatre hommes font les cent pas devant la grille de sa résidence secondaire, le château Saint-Lazare. Marcel Ménard, jardinier de la propriété, vient leur en ouvrir les vantaux et salue ses camarades FFI. Luchaire ignore que son propre jardinier, celui qui fait la chasse aux trous dans le parc, devient lui-même à la nuit tombée la taupe du domaine.
Les cinq patriotes pensent courir moins de risques en ce lieu insoupçonnable et déserté. Dans la serre, au milieu des orchidées, Ménard déterre les pains de plastic qu’il y a dissimulé depuis plusieurs semaines. Sept kilos que ses visiteurs clandestins relient aux crayons détonateurs tout juste récupérés d’une cachette au cimetière. Dans l’un des grands salons du château, la réunion secrète se tient à la lumière d’une bougie qui déforme leurs ombres sur les murs et le haut plafond mouluré. Georges André, chef de la résistance vernonnaise, et ses compagnons préparent en chuchotant une importante opération de sabotage : le pont de la ville, déjà fortement endommagé par les bombardements du 26 mai 1944, nécessite le coup de grâce en vue de freiner le mouvement des troupes allemandes. Après quelques sueurs froides et un retard à l’allumage, l’opération sera couronnée de succès.
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