La chronique du passé

Publié le21 mai 2019 » 2031 Views»

La porte de l’eau

Cette arche qui ouvrait la rue Penthièvre côté Seine était difficile à escalader.

 

chronique

Par Alexandre Révérand

De là, sans doute, le surnom de Monte-Renard que lui avaient donné les Vernonnais. La cinquième porte de la ville constituait depuis plusieurs siècles un point d’entrée payant pour les pêcheurs désireux d’aller vendre leurs poissons sur le marché de Vernon. Le long de ce quai, un petit chantier naval s’était établi, et Jean
Bizy, chroniqueur local, a merveilleusement décrit l’atmosphère qui y régnait : « Sur le port, on voyait, obstruant le terrain, de gros arbres morts, gisant, en attendant de devenir planches ; et, pour cela, se dressaient de grands chevalets tous chargés de chaînes, avec des scies gigantesques dont les rayons de midi taquinaient les dents cruelles.»

Ce petit chantier de bateaux était gai et très vivant ; les enfants y jouaient dans la sciure, les vieillards, assis sur les bois équarris, causaient, en tourmentant le sol poudreux du bout de leurs cannes; les femmes dérobaient au ménage le temps qu’elles donnaient aux potins, et les mariniers cherchaient à l’horizon la pointe d’un chaland.» En 1870, année de la destruction de la porte de l’Eau, le même Jean Bizy écrivait : « La vieille porte est tombée, et sa démolition a passé presque inaperçue, car, pour la détruire, on a choisi le moment où le canon prussien couvrait le bruit de la pioche des démolisseurs, et on a évité ainsi les récriminations qui se seraient produites en tout autre temps.»

Aujourd’hui, un projet extraordinaire a germé dans nos esprits : puisque des plans détaillés, des photos, et même une maquette de cette porte ont survécu. Puisque l’emplacement qu’elle occupait en bord de Seine est resté vide. Puisque les touristes des bateaux pourraient l’admirer en débarquant. Puisque de la pierre de Vernon est disponible. Pourquoi ne pas reconstruire la Porte de l’Eau ?

Venez explorer le passé avec l’Agence de Tourisme Temporel au 36 rue Carnot, tous les jeudis soir et les week-ends jusqu’au 30 juin.

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