On évoque souvent Monet et Bonnard, mais un autre peintre célèbre arpentait le pavé vernonnais.
Novembre 1918 – la grippe espagnole, l’une des pires pandémies de l’Histoire contemporaine, atteint son pic. À Vernon, au 15 de la rue André Bourdet, un homme réformé depuis quelques mois est venu s’installer pour un repos bien mérité. Lui qui a survécu aux gaz de Verdun va se retrouver confronté à ce nouveau défi. Contaminé par le virus, il restera cloué au lit de sa maison située près de la place de Paris. Après dix jours d’un nouveau combat de tranchée contre la fièvre, il parvient à en réchapper, la veille de la signature de l’Armistice. L’homme pourra alors reprendre la peinture et son nom passer à la postérité : Fernand Léger.
Venu rejoindre Jeanne Lohi, sa marraine de guerre, il l’épousera l’année suivante. Dans son atelier vernonnais, Fernand Léger va peindre de nombreuses œuvres et entamer sa période « mécanique » un hommage au progrès où se mêlent cheminées de remorqueurs et rouages d’usine. Les barrières du pont ferroviaire qu’il emprunte bientôt chaque semaine pour rejoindre la gare de Vernon depuis sa nouvelle adresse aux Valmeux sont représentées dans ses tableaux.
Projetant de créer un centre artistique d’été dans notre ville, il y invitera de nombreux amis artistes, comme le sculpteur Constantin Brancusi et le poète suisse Blaise Cendrars.
Pour Fernand Léger, ces années vernonnaises sont tout à la fois celles du retour à la vie artistique, d’un grand amour naissant, et de la fin du cauchemar de la guerre. Fernand apprécie grandement Vernon qu’il qualifie de « petite ville silencieuse, l’une des plus agréables de France. C’est la province sympathique, claire, lumineuse, où l’on voit beaucoup de femmes en blanc, à bicyclette et peu de femmes d’un certain âge en noir ».
Plus que quelques jours pour venir explorer le passé avec nous au 36 rue Carnot. Les jeudis soirs et les week-ends. Fermeture le 30 juin.