L’égalité entre les femmes et les hommes doit être défendue toute l’année. Cependant, la Journée internationale des droits des femmes, célébrée le 8 mars, est là pour rappeler, une fois par an, l’importance de cette lutte quotidienne. Afin de sensibiliser les Vernonnais à cette thématique, la municipalité, les centres sociaux et plusieurs associations proposent ateliers, conférences et expositions. Des animations gratuites et ouvertes à tous qui se dérouleront, en majorité, le samedi 7 mars.
Lutter contre le sexisme ordinaire
En France, la stricte égalité entre les genres est inscrite dans la Constitution. Et pourtant, les discriminations à l’encontre des femmes ont la peau dure ! C’est pour donner la parole aux principales intéressées qu’une exposition est organisée dans le hall de la mairie du 29 février au 7 mars. Réalisée par les centres sociaux, Habitat & Humanisme, l’Espace laïque vernonnais et les Résidences autonomie, elle pose la question suivante : qu’est-ce qu’être une femme aujourd’hui ? Juliette Ybert, 80 ans, y a participé. « Les femmes sont des hommes comme les autres et devraient avoir les mêmes droits ! », insiste cette habitante de la Résidence Bully. « Il y a eu des progrès car avant 1968 nous n’avions pas le droit à grand-chose : pas de chéquier sans autorisation d’un homme, pas le droit d’avorter ni d’accès à la contraception, nous étions presque sous tutelle ». Elle se souvient même avoir été mise à la porte, dans les années 60, après avoir giflé un collègue qui lui avait touché les fesses. « Et pourtant, les femmes sont toujours moins payées que les hommes et il y a toujours autant de stéréotypes concernant l’emploi, pourquoi ne voit-on jamais de femmes plombières ? », se désole Mme Ybert.
Cette question des stéréotypes de genre est au cœur d’une seconde exposition, présentée au même endroit et à la même date. Intitulée Regards d’enfants, elle donne la parole aux élèves de maternelles et de primaires encadrés par les centres sociaux et l’Espace Laïque Vernonnais. Par des dessins, ils ont exprimé leur point de vue sur les rôles femmes/hommes. Derimsu, 9 ans, a dessiné une femme en train de travailler : « aujourd’hui elles ont le droit de faire le métier qu’elles veulent : femme de ménage, docteure ou bien présidente ». De son côté, Ianis, 9 ans, a représenté une équipe féminine de football : « les filles sont aussi douées que les garçons au foot, les Françaises ont fini 2e à la Coupe du monde ! ».
Rencontre avec des femmes remarquables
Si les joueuses de l’équipe de France ont prouvé leur valeur, nombre de femmes talentueuses restent injustement occultées. C’est pourquoi le musée de Vernon a réalisé un accrochage d’œuvres de femmes artistes à découvrir du 29 février au 7 mars. Le 7 mars sera d’ailleurs une journée riche en activités au Foyer de jeunes travailleurs de l’association Jeunesse et Vie. Dans une conférence, François Denoncin y évoquera une femme illustre, Suzanne Noël (1878-1954). « Son parcours est exceptionnel : elle a été une des premières femmes médecins en France et la première chirurgienne esthétique », détaille-t-il, « mais également une infatigable militante féministe, suffragette et fondatrice de la section européenne de l’ONG Soroptimist International ». Les curieux seront invités à découvrir d’autres femmes remarquables, de Vernon cette fois, lors d’une balade commentée par Alexandre Révérend de l’Agence de tourisme temporel vernonnaise. Il y évoquera notamment Léone Dietrich : « pendant la Seconde guerre mondiale, cette résistante a fait preuve d’une incroyable audace, notamment le 19 août 1944 où elle s’est battue de façon héroïque ».
Autant d’exemples historiques qui ont pavé la route de l’émancipation féminine. Cette dernière sera évoquée sur un ton plus actuel lors de deux conférences données le même jour par Nathalie Marcon, avocate, et Carole Viaud, ancienne responsable égalité femmes-hommes dans une grande entreprise. En effet, s’il est parfois bon de regarder en arrière, il reste du chemin à parcourir avant que l’égalité de fait ne rejoigne l’égalité de droit entre les femmes et les hommes.
3 questions à …
Magalie Cochard
Responsable du secteur maternelles à l’Espace Laïque Vernonnais
Comment avez-vous choisi d’évoquer l’égalité femmes-hommes avec les jeunes enfants ?
Nous les avons mis en situation à travers des débats du type « que fait maman ? que fait papa ? » ou « que font les garçons ? que font les filles ? ». Le résultat est nuancé mais on retrouve souvent le fait que papa bricole tandis que maman cuisine, que les garçons jouent au basket et les filles à l’élastique. Les maternelles disent tout ce qu’ils pensent, ils sont comme des pages vierges et l’on peut leur transmettre certaines valeurs. En primaire puis à l’adolescence, il y a un rapport de force qui s’installe entre les sexes, susceptible de renforcer ces stéréotypes.
De quelles façons peut-on inculquer cette valeur d’égalité à ses enfants ?
Les jeunes enfants pensent surtout qu’il y a des choses réservées aux filles ou aux garçons. Il faut leur expliquer que rien n’est réservé à un seul genre. Le fait de communiquer avec eux marche plutôt bien. Par exemple, il faut dire aux filles qu’elles peuvent faire le métier de leur choix. Les enfants entendent beaucoup de stéréotypes, dans la cour de récré par exemple, on doit donc leur expliquer qu’un garçon peut jouer avec des poupées ou une fille avec des voitures. Ces stéréotypes sont ancrés dans le langage, il faut donc être vigilant quand on parle devant les enfants.
Les parents doivent-ils donner l’exemple ?
Oui, c’est très important. Certains petits garçons me disent qu’ils aident leur mère, il faut les encourager. En effet, on doit leur montrer qu’un garçon peut participer aux tâches ménagères. Les parents doivent faire attention à ce qu’ils disent ou font car il ne faut pas oublier que les enfants, même très petits, comprennent énormément de choses.