Présenté en avant-première au cinéma de Vernon le 6 décembre à 20h15, « Bonnard, Pierre et Marthe », le nouveau film de Martin Provost, se déroule dans notre ville.
Les artistes et les femmes infusent l’œuvre du réalisateur de Séraphine (2008) et Violette (2013). Dans son dernier film, Martin Provost aborde ces thématiques à travers le couple formé par le peintre Pierre Bonnard (1867-1947) et sa compagne d’une vie, Marthe. Une relation fusionnelle qui, pendant 20 ans, aura pour décor Ma Roulotte, petite maison des bords de Seine acquise par l’artiste à Vernonnet et récemment rachetée par la mairie pour en faire un lieu de culture. « J’habite cette vallée et, dès que j’ouvre les fenêtres, j’ai l’impression d’être dans une toile de Bonnard », confie le cinéaste. Pour lui, tout est parti d’une œuvre : « je regardais le tableau intitulé Le Déjeuner, on y voit Marthe mais ses yeux sont flous, comme grattés par le peintre, cela m’a intrigué. » Modèle et muse de Pierre Bonnard, la mystérieuse Marthe apparaît dans un tiers des toiles de l’artiste, parfois de dos, souvent silhouette. « Dès qu’elle entre dans sa vie, elle devient son socle et participe à son œuvre, mais on est loin d’une vie de couple idyllique. » Quand ils se marieront, après 32 ans de vie commune, le peintre apprendra que Marthe lui a menti sur son âge, son origine et qu’il ne connaissait même pas son vrai prénom. « C’est cette histoire d’amour que le film raconte », précise Martin Provost, « il ne s’agit pas d’un biopic ou d’une reconstitution historique ronflante. » L’acteur Vincent Macaigne y interprète un Pierre Bonnard plus vrai que nature, tandis qu’à travers le rôle de Marthe, on découvre une dimension nouvelle au jeu de Cécile de France. « Mais c’est également un film de peinture, nous avons réalisé un important travail sur l’étalonnage afin que la lumière corresponde à la palette de Bonnard », poursuit le réalisateur. A l’écran, on retrouve les couleurs vives du « peintre de la joie de vivre » et son amour pour la simplicité de la campagne. « Ce qui me plaît dans son œuvre, c’est cette force vitale, il réunit le fond et la forme dans une perception animiste des choses, on touche presque au divin », conclut Martin Provost.