Depuis cinq années déjà, James Priest veille sur les jardins de Claude Monet à Giverny. Alors que la fondation vient de rouvir ses portes au public pour la saison, le jardinier de 58 ans se confie avec passion. Originaire de Maghull en Angleterre, il évoque avec autant d’aisance la peinture et le jardinage. Des passions qu’il partage avec le célèbre peintre, précurseur de l’impressionisme, qui vécut à Giverny entre 1883 et 1926.
Vernon Direct : Depuis votre arrivée, avez-vous insufflé votre propre touche au jardin des plantes ?
James Priest : Mon prédécesseur, Gilbert Vahé, avait fait un formidable travail. J’ai pu me baser sur ses plans et ses recherches historiques. Nous disposons également de photographies de Claude Monet dans son jardin qui nous aident. J’ai complété ses plans et apporté cette métaphore entre les parcelles et les boîtes de peintures avec du blanc puis du jaune pâle, du jaune, de l’orange, du rose puis du bleu par exemple.
VD : Vous intéressiez-vous à la peinture avant d’être jardinier en chef à Giverny ?
JP : J’aimais déjà l’art en général. Je me suis toujours intéressé à la peinture et j’ai pris des cours il y a longtemps. En fait, j’aimais beaucoup l’impressionnisme plus jeune, je reviens à mes premières amours. Depuis que je suis à Giverny, je peins dans les jardins de Claude Monet quand des artistes y viennent.
VD : Peindre ces jardins vous aide t’il dans votre réflexion ?
JP : Quand on plante, on peint les jardins différemment. Je prétends que Claude Monet peignait par touche, il passait des heures à choisir ses couleurs. On peut se demander s’il peignait ce qu’il voyait ou s’il corrigeait son jardin au fur et à mesure qu’il peignait. Ses tableaux se regardent de loin, il en est de même pour les jardins.
VD : Quelle est la meilleure période pour se rendre dans le jardin des plantes ?
JP : Ce jardin est incroyable, il évolue sans cesse : tulipes, pavots, coquelicots, iris… Les roses sortiront fin mai début juin et à la fin de la saison les vivaces atteindront jusqu’à deux mètres, les soleils quatre mètres. L’idéal est de venir à plusieurs reprises.
VD : Durant la saison, avez-vous l’occasion d’échanger avec les visiteurs ?
JP : Claude Monet rend le travail plus facile. Avant même de voir le jardin, la plupart des visiteurs sont déjà convaincus de sa beauté. En fin de journée, j’aime me poser dans le bas desallées et écouter les touristes discuter. Parfois, j’engage la conversation. Quand il y a une réflexion derrière les critiques, c’est intéressant. C’est touchant de voir que certains comprennent le travail que l’on a effectué sans qu’on leur explique.
VD : En quoi est-il différent de s’occuper du jardin des eaux ?
JP : Je vais dans le jardin des eaux, qui est plus reposant, en fin de journée. Le travail est spécifique, nettoyer l’eau, enlever les feuilles et algues, veiller à ce que les nymphéas ne prennent pas toute la place. Les vingt dernières années de la vie de Claude Monet, les nymphéas étaient presque sa maîtresse.
VD : À quoi ressemble votre jardin personnel ?
JP : J’adore mon jardin, c’est mon havre de paix. Il n’a rien à voir avec celui de Monet. Il est bien plus structuré car j’aime beaucoup les jardins à la française. Il comporte davantage de plantes, du buis…
Ouvert du 25 mars au 1er novembre 2016 de 9h30 à 18h, dernière admission à 17h30.
Tél. : 02 32 51 28 21