Evelyne Cordier : « Les Jeux Olympiques, des moments inoubliables »

Publié le6 juillet 2016 » 5114 Views»

Actuellement présidente de l’Avenir de Vernon et du Comité de l’Eure de gymnastique, Evelyne Cordier a effectué toute sa carrière à Vernon. Multiple championne de France de gymnastique, elle a participé à deux olympiades. Si elle est retournée aux Jeux Olympiques par trois fois en tant que spectatrice, elle regardera cet été les JO de Rio à la télévision. Rencontre avec l’ancienne internationale vernonnaise.

Evelyne Cordier


Lorsque vous avez commencé la gymnastique, aspiriez-vous au haut niveau ?

On ne peut pas s’attendre à faire du haut niveau au départ. Surtout que j’avais 7 ans. Ma famille dirigeait le club, j’étais dans le milieu. Ma force était d’être à peu près bonne dans chaque agrès. Je préférais la poutre et la barre. Je n’avais pas assez d’explosivité pour le saut et le sol où je m’en sortais avec la chorégraphie. La poutre m’a permis de remporter de nombreuses compétitions. Je ne tombais pas. Mon père, Lucien Letourneur, m’entraînait. Il a contribué à l’amélioration de nos structures.

A-t-il été difficile de décrocher votre sélection pour les Jeux de Tokyo en 1964 ?

J’avais 17 ans lors de mes premiers Jeux Olympiques à Tokyo. J’ai travaillé à fond durant deux saisons et je me suis blessée avant la sélection officielle. J’avais une entorse à la cheville qui m’a empêchée de participer aux sélections. Heureusement, la fédération m’a confirmée car j’étais déjà la meilleure française. Ma motivation n’a alors pas baissé.

Evelyne CordierQuelles ont été vos performances lors de votre première olympiade ?

C’était très difficile car l’URSS était très forte. Mais j’étais super contente de moi car j’ai fait un match sans faute par rapport à mon niveau. J’ai terminé 42e. Il faut savoir qu’à l’époque, les six gymnastes de chaque nation étaient classées. Actuellement, sur les six, seulement les deux meilleures de chaque pays sont classées. Avec ce nouveau système, j’aurai fait une très bonne place. Je pense que le système actuel permet de donner un peu plus d’ouverture à tous les pays.

Avez-vous pu profiter des autres compétitions à Tokyo ?

Oui, ce sont des moments inoubliables. On échange avec les autres pays. J’ai assisté au plongeon que j’aime beaucoup. Cette discipline a un rapport assez fort avec la gymnastique pour ses acrobaties. Je suis allée voir l’athlétisme, qui est quand même le sport roi des Jeux Olympiques, et l’escrime. A l’époque, le club de Gisors avait deux licenciés qui participaient aux JO.

Lors de Jeux de Mexico, vous avez bien amélioré votre classement en terminant 17e

Cela s’était très bien passé. Les six meilleures de chaque agrès étaient qualifiées en finale par agrès. J’ai manqué les finales de peu en terminant 7e à la poutre et 7e aux barres. J’ai ensuite décidé d’arrêter ma carrière internationale à 21 ans. Ce fut un choix. J’ai continué à faire de la gymnastique et j’ai matché durant dix ans avec le club.

Etes-vous retournée aux Jeux Olympiques en tant que spectatrice ?

Oui, à plusieurs reprises. En 1984 à Los Angeles, en 1992 à Barcelone et en 2000 à Sydney. J’allais voir la gymnastique en priorité. Et dès que je pouvais avoir des billets pour aller voir d’autres sports on y allait.

Bernard FauqueuxVous avez côtoyé Bernard Fauqueux, qui évoluait également à l’Avenir de Vernon, et qui a participé aux Jeux Olympiques de Rome en 1960 et de Tokyo en 1964, pouvez-vous nous en dire plus sur lui ?

C’est à Vernon que Bernard (1938-1988) a commencé la gymnastique. En tant que gymnaste, il y a fait toute sa carrière. Il a d’ailleurs été responsable technique des masculins de 1968 à 1971 après sa carrière. Il était aussi mécanicien à la ville de Vernon. Il avait une dizaine d’année de plus que moi. Il est mort jeune, vers 50 ans.

Depuis la fin de votre carrière, vous êtes toujours restée au contact de la gymnastique..

À l’époque, il n’y avait pas de primes. On ne vivait pas de notre sport. En 1968, j’ai passé mon brevet d’état du 1er degré d’éducateur sportif puis du 2e dégré en 1973. En 1969, j’ai commencé à travailler en tant qu’éducateur sportif à la ville de Vernon. J’enseignais la gymnastique aux scolaires et en club. Puis j’ai été tour à tour présidente du Comité de l’Eure et du Comité de Haute-Normandie. Depuis les années 2000, je suis à la tête de l’Avenir de Vernon. J’ai aussi été juge internationale de 1972 à 1988.

Quel regard portez-vous sur la gymnastique actuelle ?

Le matériel et les structures ont bien évolué, les gymnastes aussi. On a beaucoup plus de rebond avec les tremplins et les praticables.

 

 

Evelyne Cordier, née Letourneur le 13 septembre 1947

Sa carrière :

40 sélections en équipe de France (1963 à 1968), entrée en équipe de France à 16 ans

2e au Championnat de France cadette à Tourcoing (1961), championne de France cadette à Dijon (1962)

5e du Championnat de France toutes catégories à Belfort (1963)

Championne de France senior à Wittelsheim (1965), Championne de France senior à Montceau les Mines (1967)

8e au championnat d’Europe à Amsterdam (1965), 6e au championnat d’Europe à Sofia (1967)

22e au championnat du monde à Dortmund 1966

JO de Tokyo (1964) : 42e

JO de Mexico (1968) : 17e, 7e à la poutre et aux barres

 

Médaille d’or de la Jeunesse et des sports (1968)

Chevalier de l’ordre national du mérite (1976)

Officier de l’ordre du mérite (2003)

 

Présidente technique du Comité de l’Eure de 1984 à 1992

Présidente technique du Comité de Haute-Normandie de 1992 à 2000

Présidente du Club L’Avenir de Vernon de 2000 à aujourd’hui

Présidente du Comité de l’Eure de 2004 à aujourd’hui

Présidente technique de la Fédération Française de Gymnastique de 1992 à 2004

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