Fut un temps où les barques étaient amarrées en bord de Seine sur la plage, les passants s’offraient une promenade piétonnière ou fluviale, les pêcheurs ne manquaient pas de se retrouver, les flâneurs organisaient des barbecues et profitaient des joutes ou des courses hydroaéroplanes.

Si la physionomie des berges de la Seine n’a que peu changé depuis les années 1900-1910, l’aménagement des accès et de la voirie évolue. En 1993, de nombreux travaux sont réalisés, agrémentant les pelouses de plantations. Des bordures de trottoirs sont également construites. Les pêcheurs commencent alors à se faire rares malgré ce début d’été 1993. Les berges sont sales : papiers gras, bouteilles plastiques, morceaux d’emballages en polystyrène…

Le journal Eure Inter qualifie même les rives de « repoussantes ». Au début du 20e siècle, la Seine était pourtant le théâtre de nombreux loisirs, comme l’atteste cet article du journal local paru le 22 juin 1988 : « Les pêcheurs du dimanche, des couples, arriveront à pied de Giverny, de Saint- Marcel, ou à bicyclette de Gasny, La Heunière, Pacy, de plus loin encore… Avec leurs petites économies de la semaine, ils loueront pour une heure, deux heures ou davantage une barque qui les emmènera, à la force du poignet sur l’autre rive, dans le « Bras Saint-Jean »… Et Dieu sait à quels jeux se livreront, dans la quiétude des buissons, émerveillés par le sifflement des merles et le passage des martins-pêcheurs, les amoureux ! C’était en 1907. Quatre-vingts ans après, plus de barques, de rameurs, plus de coins tranquilles. Des bolides bondissant dans le fracas de l’eau déchirée tirant à une allure vertigineuse des demi-Dieux glissant sur les eaux. »

Des promenades en barques sur la Seine aux barbecues

Le garage des frères Sencier était le rendez-vous des amateurs de pêche et de canotage lors de la belle saison. L’Epinoche proposait aussi la location de bateaux de pêche ou de plaisance. Quand ils n’étaient pas sur l’eau, les promeneurs se prêtaient à des barbecues en bord de Seine. Sur d’anciennes cartes postales, on aperçoit des riverains s’apprêtant à faire griller un porc amené à la brouette sur la berge vernonnaise, en bas de la rue Folenrue. Une scène champêtre.

Le début des croisières

Les joies de la promesse fluviale ne datent pas d’aujourd’hui. En août 1903 déjà, les croisiéristes prenaient d’assaut la Seine pour y admirer le château des Tourelles et le Vieux Moulin. Des croisières en vedettes étaient aussi organisées en saison entre Vernon et Les Andelys. La première croisière entre Honfleur et Paris ne se déroulera que bien plus tard, en juin 1989, sur le paquebot fluvial d’Aqua Viva.

Des animations à foison

Des joutes sur l’eau sont organisées en septembre 1908. Elles connaissent un véritable succès populaire. Deux ans plus tard, la foule se masse sur la pelouse du quai de la Tour Claire pour admirer les régates. En 1912, la course hydroaéroplane Paris-Deauville fait étape à Vernon dans l’anse de la Seine. L’élhydroaéroplane Weymann n°7, de conception allemande, échouera d’ailleurs sur les berges de la Seine suite à un contact un peu trop rude avec la surface de l’eau à hauteur du « Trou Jacquet ».

Source : Eure Inter, Vernon et sa Région, 1890-1940, Cinquante ans de vie et d’Histoire par Jocelyne et Serge Legendre, Lucien Le Moal.