L’arrivée du train à Vernon

Publié le9 janvier 2017 » 3454 Views»

En 1832, le premier essai de traction à vapeur transporte 400 personnes entre Saint-Étienne et Lyon. Fructueux, il entraîne le projet d’une ligne entre Paris-Rouen. Passant par Vernon, cette ligne verra le jour 11 ans plus tard.

En 1910, le quai des premières classes était protégé par une verrière. En tête de train,  les passagers des wagons de la 3e classe ouvraient parfois les vitres des compartiments, mais le vent leur rabattait la fumée de la chaudière au visage. Crédit photo "Vernon et sa région", Jocelyne et Serge Legendre, Lucien Lemoal.

En 1910, le quai des premières classes était protégé par une verrière. En tête de train,
les passagers des wagons de la 3e classe ouvraient parfois les vitres des compartiments, mais le vent leur rabattait la fumée de la chaudière au visage. Crédit photo « Vernon et sa région », Jocelyne et Serge Legendre, Lucien Lemoal.

C’est en 1835 qu’est dessiné le premier projet de tracé Paris-Rouen. Il prévoit le passage du chemin de fer par les plateaux et la vallée de l’Andelle (Gisors, Étrépagny, Charleval, Fleury-sur-Andelle et Pont-de-l’Arche). Pourtant, les rapports des commissions municipales des localités de la vallée de la Seine préconisent un passage par Poissy, Mantes, Vernon, Gaillon et Pont-de-l’Arche. Les crises ministérielles successives font annuler le projet. Finalement, la ligne est créée sur plusieurs tronçons, Paris-Poissy, Poissy-Épône, Épône-Mantes, Mantes-Vernon.

Des savants avancent que la rapidité des convois produirait des désordres cérébraux et des personnalités publiques comme Adolphe Thiers, s’opposent à ce moyen de transport pour les passagers. Ironie du sort, de nombreuses gares françaises portent aujourd’hui le nom du futur président de la IIIe République (1871-1873). Malgré les opposants, la construction des chemins de fer a bien lieu. C’est ainsi que le jeudi 4 mai 1843, les ducs de Nemours et de Montpensier, fils du roi Louis-Philippe, assistent à l’inauguration de la ligne Paris-Rouen à Poissy, Mantes et à Vernon devant une foule venue de loin.

Paris-Rouen en quatre heures

Cinq jours après cette inauguration, le public peut emprunter la ligne Paris-Rouen. Les trains sont alors peu nombreux et les wagons de deuxième et troisième classes bien moins confortables que les diligences, qui continuent alors à voyager par la route. Mais le trajet est bien plus rapide en train, 4 heures seulement contre 9 en voiture. Cinq trains quittent chaque jour Paris pour Rouen. Les voyageurs paient le tarif de 9,50 francs en 1ère classe, 7 francs en 2e classe et 6 francs en 3e. Ils doivent se plier à un contrôle des passeports et des malles.

Une ligne Gisors-Vernonnet

Les premières études d’un trajet entre Gisors et Pacy ont lieu en 1865. Elles entraînent des expropriations sur la commune de Vernon. Dans un premier temps, la ligne compte 39 kilomètres et s’arrête à Vernonnet (ouverture au public le 15 juillet 1869). Il faut attendre le 15 mars de l’année suivante pour que le viaduc qui traverse la Seine et le pont en maçonnerie qui enjambent la route de Rouen soient terminés, permettant ainsi l’ouverture du tronçon Vernonnet-Vernon. Sept mois après son inauguration, l’ordre est donné de détruire le pont du chemin de fer en raison de l’arrivée des Prussiens sur les hauteurs de Vernonnet, le 14 octobre. Le tablier demeurant intact, les piétons peuvent toutefois traverser la Seine. Les réparations sont faites en fin d’année 1871 et le tronçon Vernonnet-Vernon reprend alors du service.

Vernon-Pacy : une constante remise en question

Ouverte le 1er mai 1873 (20 km), la ligne de chemin de fer Pacy-Vernon permet aux trains de couvrir les 20 kilomètres qui séparent ces deux villes en 56 minutes. La locomotive connaît quelques difficultés en montée. En sens inverse, il lui faut « seulement » 40 minutes pour le même trajet. Le 20 mai 1878, la société d’exploitation propose de supprimer le train des voyageurs du matin entre Vernon et Pacy. Après négociations avec le conseil municipal, elle maintient le trafic à raison de trois trains par semaine. En raison des difficultés financières qu’elle rencontre, l’État reprend la ligne le 1er juillet 1878.

Le trafic des voyageurs sera tout de même supprimé le 7 juin 1939. Trois ans plus tard, les rails de la section Vernon-Pacy sont démontés sur ordre des Allemands pour les réutiliser sur le front russe. La ligne deviendra par la suite un sentier de grande randonnée.

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