583, 1206, 1269, 1281, 1269… Les années de débordements de la Seine furent nombreuses dans l’histoire de notre ville.
Par Alexandre Révérend
En 1281, la violence du courant est telle qu’il emporte avec lui d’importantes structures du pont médiéval. L’étroitesse de ses arches est responsable d’innombrables naufrages et a souvent favorisé les inondations. Le 26 janvier 1651, suite à l’effondrement d’une voûte, le messager assurant la liaison entre Vernon et Rouen tombe dans le fleuve et s’y noie avec ses quatre chevaux d’équipage. Son équipier aura plus de chance : on le retrouve au petit matin sur le pilier où il a passé la nuit, entouré par les flots boueux.
Lorsque les arches du pont ne garantissent plus une sécurité suffisante, une liaison par bac est assurée. En 1653, l’un de ces bacs chavire et deux cents personnes vont périr par le fond. Trois ans plus tard, la Seine gelée permet aux habitants de traverser le fleuve à pied. Après quinze jours de ce froid polaire, la fonte des glaces va provoquer une importante inondation des deux rives.
Puis, quelques années plus tard, c’est la rupture de sept arches de l’ancien pont suite à une nouvelle crue. L’un des moulins s’écroule et l’eau envahit Vernon jusqu’à hauteur de l’actuelle rue Carnot. Le récit de l’événement est encore gravé dans la pierre d’un des piliers de la collégiale. En 1740, durant les fêtes de Noël, l’église aura droit à un nouveau bain de pieds. Les habitants du bas de la ville ont trouvé refuge au sommet des murs d’enceinte, mais la montée des eaux va en faire ébouler un pan entier au niveau de la porte Chantereine.
En 1802, les inondations durent trois mois, et celles de 1910 marqueront d’autant plus les esprits qu’elles seront abondamment photographiées. C’est à la suite de ces incessantes avaries infligées au pont médiéval que celui-ci sera finalement abandonné au profit de deux ponts successifs en pierre. L’un sera détruit durant la guerre de 1870, et l’autre en 1940.