Jusqu’au 3 juillet, le Musée des Impressionnismes Giverny (MDIG) propose un dialogue immersif entre les œuvres de Claude Monet et de Mark Rothko.
« Un vrai pari », c’est ainsi que Cyrille Sciama, directeur du MDIG, présente la nouvelle exposition dont il est également le commissaire. Celle-ci repose sur un défi : faire dialoguer des œuvres tardives de Claude Monet (1840-1926) avec des toiles de l’Américain Mark Rothko (1903-1970), pape de l’expressionnisme abstrait. « C’est incroyable que le parallèle entre ces deux maîtres, qui auraient pu se rencontrer, n’ait jamais été fait. Je me suis toujours demandé à quel point Monet avait influencé Rothko. » Plus de 3 ans auront été nécessaires pour rassembler 6 tableaux de l’Américain, véritable superstar aux Etats-Unis, dont le travail n’a pas été exposé en France depuis 1999. Et pour cet événement, la scénographie du musée a entièrement été repensée. « Nous avons particulièrement soigné les éclairages et posé de la moquette pour étouffer les sons », explique le directeur, « l’expérience est immersive, contemplative, presque spirituelle. »
La peinture de Rothko, grandes étendues géométriques de couleurs vives aux contours indécis, parle en effet à l’âme. « Au début on ne comprend pas, mais peut-être qu’il n’y a rien à comprendre. Rothko disait peindre pour les êtres humains, pas pour les étudiants en art ou les historiens. Le spectateur est libre de projeter ses propres émotions sur le tableau. » Quant aux toiles de Monet, si leur sujet reste figuratif, leur traitement flirte avec l’abstraction. « On a souvent affirmé que ses œuvres tardives étaient le résultat de sa cataracte. Mais quand Monet est opéré en 1923, il continue de peindre ainsi ! » Classer le maître impressionniste parmi les pères de l’abstraction, idée-force de l’exposition. Traumatisés, respectivement, par la Première et Seconde guerre mondiale, Monet et Rothko voyaient dans l’art une façon de réparer le monde. En 1918, Claude Monet lèguera ses Nymphéa à l’Etat pour célébrer l’Armistice, Mark Rothko décorera une chapelle œcuménique dédiée à la paix en 1971. Leur art résonne avec force aujourd’hui.