Suite au vote des habitants, le Musée de Vernon portera désormais le nom de Blanche Hoschedé-Monet, peintre impressionniste et belle-fille de Claude Monet. Une nouvelle appellation qui incarne parfaitement le projet culturel de l’établissement.
Le 15 avril 1874, la première exposition du mouvement impressionniste était organisée à Paris par une poignée de peintres visionnaires. Parmi eux, le maître, Claude Monet. 150 ans plus tard, la ville de Vernon rend hommage à celle qui fut, à la fois, la fille de sa seconde femme, l’épouse de son fils aîné et sa disciple en peinture : Blanche Hoschedé-Monet (1865-1947). « A elle seule, Blanche symbolise l’histoire artistique de notre territoire et permet de se replonger dans une époque, celle de la colonie de peintres installés à Giverny et dans ses alentours », détaille Nicolas Bondenet, directeur du musée. A la mort de Monet, en 1926, Blanche conservera les jardins de Giverny, devenant gardienne du « temple » et dernière représentante de l’impressionnisme. « Mais au-delà de son rôle auprès de Claude, c’est son œuvre que le Musée souhaite valoriser en prenant son nom », souligne Nicole Balmary, maire-adjointe en charge de la culture et du patrimoine. Vernon abrite, en effet, la plus importante collection française de toiles de cette artiste dont la reconnaissance internationale explose actuellement. En 2025, l’artiste aura notamment les honneurs du prestigieux Sydney and Lois Eskenazi Museum of Art de l’université de l’Indiana (USA). « C’est aussi une façon de rendre hommage aux femmes, trop souvent occultées dans l’histoire de l’art, notre musée étant le second de la catégorie Musées de France à porter le nom d’une plasticienne, après Camille Claudel », ajoute l’élue. Dans ses tableaux, Blanche Hoschedé-Monet représente les paysages des alentours de Vernon. « C’est une artiste locale qui vit et produit sur place », précise le directeur du Musée, « en cela, elle correspond au fil vert que nous développons et qui consiste à interroger les liens entre l’art, la nature et le monde vivant, entre un terroir et sa production artistique. » Une connexion qui s’illustre, au sein du Musée, par la cohabitation des collections d’art animalier et de toiles de paysages, de Monet à Bonnard.
Nouvelle identité visuelle et parcours repensé
Acteurs de cette évolution, les Vernonnais sont invités au baptême du Musée Blanche Hoschedé-Monet samedi 13 avril à 15h en présence du maire. Ils découvriront ainsi le logo et la nouvelle identité visuelle du lieu lors d’une visite des collections et d’un atelier ludique. Sous ce nouveau nom, l’établissement accueillera sa première exposition temporaire à partir du 26 avril. Intitulée « Givernisme », et labellisée par le festival Normandie Impressionniste, elle présentera une immersion dans l’hyperphotographie de l’artiste Jean-François Rauzier, œuvres réalisées dans les jardins de Monet.
3 QUESTIONS
Philippe Piguet
Critique d’art, Descendant de Blanche Hoschedé-Monet, Commissaire général du festival Normandie Impressionniste
Le Musée de Vernon portera désormais le nom de votre aïeule, que ressentez-vous aujourd’hui ?
En tant que petit-neveu de Blanche Hoschedé-Monet, qui était la sœur de ma grand-mère, je suis extrêmement touché. Blanche faisait partie de cette « école de Giverny » qui a souvent exposé à Vernon et qui est très présente dans les collections du musée. Lui donner son nom est donc une façon de rendre un hommage mérité à ma grand-tante, mais aussi de mettre en exergue la présence de toute cette population d’artistes sur le territoire. C’est une très bonne initiative.
Qu’est-ce qui caractérise la vie et l’œuvre de Blanche Hoschedé-Monet ?
Blanche était la belle-fille et la bru de Claude Monet. Elle a également été sa mémoire, à Giverny, où elle a vécu 64 ans. Mais c’était aussi une artiste à part entière dont Monet a été le mentor. Sa peinture se distingue par sa densité, là où Claude Monet était dans la fluidité et le mouvement. L’œuvre de Blanche est une peinture du terrain et de la terre qui cherche à exprimer la profondeur d’un ressenti plutôt que la fugacité du temps qui passe. C’était une femme extrêmement humble et discrète qui n’a jamais cherché à faire carrière. Elle souhaitait avant tout s’exprimer en peinture.
150 ans après sa naissance, que peut encore nous apprendre le mouvement impressionniste ?
L’aventure impressionniste était prospective et, en cela, elle reste pleinement actuelle. La grande qualité de ce mouvement collectif résidait dans son esprit d’invention et l’attention qu’il portait au monde contemporain. C’est intéressant quand on met ça en regard des nouvelles technologies d’aujourd’hui, et notamment celles qui passent par le pixel.