Une clinique ouverte sur son territoire
Située à Fieschi, la clinique des Portes de l’Eure sera inaugurée le 7 novembre prochain. Philippe Cléry-Melin, son directeur également vice-président de la Cape en charge de la santé, revient sur les enjeux de cette nouvelle institution de référence.
Vernon Direct : Comment est venue l’idée d’implanter cette clinique à Vernon ?
Philippe Cléry-Melin : L’Eure a un besoin connu en psychiatrie depuis longtemps. L’ensemble du département est confronté à des problématiques d’accès aux soins. Si le service public hospitalier fonctionne bien, il n’assure pas une prise en charge globale et continue. Cela en a fait une priorité de l’Agence régionale de santé (ARS), qui a lancé un appel à projet orienté vers l’hospitalisation privée. Nous sommes davantage sur un projet de disposition territoriale que sur un projet classique de clinique. Il y avait un besoin de réponses à la chronicisation des maladies psychiatriques et à la difficulté de définir des parcours de soins et de vie adaptés.
VD : C’est ce qu’on appelle la réhabilitation psychosociale ?
Philippe Cléry-Melin : Oui, c’est un ensemble de techniques de soins qui s’ajoutent aux soins classiques pour faciliter la réhabilitation, la stimulation des compétences et de ce fait faciliter la réinsertion sociale, familiale et citoyenne des patients. C’est une prise en charge focalisée sur le retour à la vie normale. Elle fait le lien entre le sanitaire, le médico-social et le social, compartiments qui aujourd’hui sont très cloisonnés en France.
VD : Parlez-nous de cette clinique : comment est-elle organisée ?
Philippe Cléry-Melin : Elle va offrir de l’hospitalisation à temps complet et à temps partiel. L’hospitalisation à temps complet dispose de 89 lits, 66 dédiés aux personnes jeunes (ados, jeunes adultes) et 23 dédiés à des personnes avançant en âge. Il s’agit de cibler l’émergence des troubles de la personne âgée, les « fragilités », à la fois physiques, psychiques, cognitives. On a une approche assez originale de la personne âgée dans ses poly-pathologies. Nous avons un apport qui est à la fois psychiatrique et gériatrique.
VD : Quand les premiers patients arriveront-ils ?
Philippe Cléry-Melin : Début octobre. En septembre, nous avons voulu privilégier la formation des 86 personnels en consacrant un mois à un séminaire d’intégration. Nous avons organisé toute une série d’activités, de mise en situation, pour leur permettre d’acquérir les bonnes pratiques et les bons réflexes.
Il y a naturellement des professions soignantes mais aussi des coordonnateurs de parcours, des assistantes sociales, des art-thérapeutes, des ergothérapeutes, des éducateurs… On ne soigne pas qu’avec des médicaments. Cette diversité de métiers correspond bien à cette approche globale du patient.
VD : La clinique se veut insérée dans son territoire ?
Philippe Cléry-Melin : Il ne s’agit pas d’une clinique repliée sur elle-même mais d’un dispositif qui va s’étendre avec des activités. On envisage la création d’un restaurant d’insertion et des activités d’entrée dans l’emploi. On va dépasser le seul temps médical en partant d’un principe nouveau, la « psychiatrie intégrative ». La prise en charge est transversale, allant de la prévention à la réinsertion. Ceci nécessite un dépistage précoce, permettant l’accueil des patients dès les premiers troubles. Nous voulons redonner aux patients une identité et une vie à part entière.
VD : Quelle est votre vision pour l’avenir de cette clinique ?
Philippe Cléry-Melin : Nous entendons réaliser notre projet médical et nous intégrer dans la vie sociale, en développant l’interaction avec les acteurs du département. L’objectif est de renforcer l’attractivité du territoire en matière de santé, de conduire des actions de prévention, d’information et de formation aux métiers associés. On ne veut pas être un établissement replié sur lui-même.