Véritable feuille de route de la collectivité en matière de santé publique, un contrat local de santé (CLS) a été co-signé mardi 22 mars par Seine Normandie Agglomération (SNA) et le Département de l’Eure, accompagnés par l’Agence régionale de santé (ARS).
Mieux vaut prévenir que guérir dit le proverbe. Et, en matière de santé publique, cela passe surtout par une stratégie élaborée en amont. C’est un peu le principe du contrat local de santé. Cet outil modulable permet la rencontre entre le projet porté par l’ARS et les politiques de Seine Normandie Agglomération. Signé en 2017, le premier contrat local de santé de SNA est arrivé à son terme en 2021. Au cours des deux dernières années, un diagnostic du territoire a été réalisé. Celui-ci a abouti au présent CLS, signé pour une durée de 5 ans. « Le contrat s’articule autour de trois axes forts », Nellie Colombe, vice-présidente de SNA en charge de la santé, « tout d’abord l’accès aux soins, puis la prévention et la promotion de la santé et, enfin, une attention particulière à la santé mentale. »
Des actions concrètes sur le terrain
Concernant l’accès aux soins, la stratégie de SNA consiste à « aller vers », c’est-à-dire porter la santé là où elle fait défaut. L’an dernier, l’ouverture de l’Espace santé des Valmeux a marqué une importante étape dans cette direction. « L’Espace santé permet désormais aux habitants de ce quartier prioritaire d’effectuer des bilans de santé, des vaccins ou de consulter une sage-femme. » Dans cette optique, SNA souhaite développer la télémédecine pour les patients recevant la visite de paramédicaux tels que des infirmières. Ces dernières pourraient ainsi les aider lors de consultations en ligne avec des médecins. La prévention est également au cœur du CLS. Celui-ci prévoit le renforcement d’actions auprès des 0-25 ans autour de thématiques telles que le sommeil, la vie affective et sexuelle ou le tabac. Côté seniors, la prévention passe aussi par des ateliers comme l’éducation physique adaptée. « Eprouvée par la crise sanitaire, la santé mentale est aujourd’hui le parent pauvre des politiques publiques », souligne l’élue, « c’est pour cela que, dès 2020, SNA s’est dotée d’un conseil local de santé mentale, un des premiers en France. » Parmi les objectifs de celui-ci : défendre l’accès aux soins psychiatriques, lutter contre la stigmatisation ou favoriser l’insertion sociale des usagers. Car, avant tout, le contrat local de santé vise à agir comme un puissant levier de réduction des inégalités sociales, territoriales et environnementales de santé.
3 QUESTIONS
François Ouzilleau
Président du conseil de surveillance du Centre hospitalier Eure-Seine
Président délégué de Seine Normandie Agglomération (SNA)
Maire de Vernon
Quel sera l’impact du contrat local de santé sur les Vernonnais ?
Elaborée à l’échelle de l’agglomération, cette stratégie sur 5 ans a pour but de favoriser l’accès à la santé de chacun, tout en améliorant les parcours de soin. La prévention, notamment auprès des plus jeunes, en constitue un axe fort. Parmi ses grandes priorités, il y a, bien sûr, la lutte contre la désertification médicale.
Comment attirer de nouveaux médecins ?
C’est une question cruciale. A Vernon, un logement mis à disposition par la ville permet de loger gratuitement 3 étudiants en médecine qui font leur internat à l’hôpital. A Saint-Marcel, une « maison de santé » verra le jour en 2023. Elle accueillera 3 généralistes et une dizaine de paramédicaux. Ce projet, validé par l’agence régionale de santé, permettra aux praticiens de travailler en exercice coordonné. Aujourd’hui, 73% des médecins de moins de 40 ans sont intéressés par ce type de structures. Cette première maison de santé constituera un facteur d’attractivité et amorcera une dynamique.
Quel rôle l’hôpital joue-t-il dans cette nouvelle stratégie ?
Parmi les enjeux du contrat local de santé, on trouve le renforcement du lien entre la ville et l’hôpital. Aujourd’hui cela se concrétise principalement par l’Espace santé des Valmeux, ouvert par SNA l’an dernier, où des sages-femmes de l’hôpital consultent. Le centre hospitalier réorganise actuellement ses urgences afin d’accueillir, en deux flux distincts, les urgences « vitales » et les consultations qui auraient pu trouver une réponse dans un cabinet médical en ville. A terme, la création d’une maison médicale dans l’enceinte de l’hôpital devrait permettre aux médecins généralistes d’assurer leur permanence de garde dans ce lieu dédié.