Vitesse, alcool, conduite dangereuse, autant d’incivilités routières qui peuvent mener au pire. La ville souhaite les éradiquer tant par le contrôle que par la sanction.
« Les incivilités routières sont un des sujets qui revient le plus dans la bouche des Vernonnais lors des permanences du maire », constate Hervé Chauvin, chef de la police municipale, lorsqu’on lui pose la question. Si, dans ce domaine, Vernon se situe dans la moyenne euroise, voire un peu en-dessous, la problématique concerne tous les habitants.
Depuis le début de l’année, 21 personnes ont péri sur les routes du département, dont une à Vernon. Les premières causes de mortalité sont toujours les mêmes : la vitesse, puis l’alcool. A Vernon, on retrouve souvent ces deux facteurs dans la cause des accidents ayant engendré 39 blessés depuis janvier. « En 2019, nous avons constaté 86 cas d’alcoolémie délictuelle, c’est-à-dire supérieure à 0,4 mg d’alcool par litre d’air expiré », souligne le commandant Stéphane Pairin du commissariat de Vernon. « Il n’y a pas de profil type, les gens n’ont pas conscience qu’ils mettent en danger les autres et eux-mêmes », se désole le policier. Parfois, la conduite alcoolisée se transforme en engrenage. En cas de contrôle positif et de retrait de permis, certains conducteurs continuent de rouler : 108 personnes ont été mises en cause pour conduite sans permis cette année à Vernon.
Parmi les incivilités les plus courantes, il y a, bien sûr, la vitesse excessive en ville. « Nous en sommes déjà à 200 PV pour excès de vitesse », détaille Hervé Chauvin, « et la majorité d’entre eux se situent entre 20 et 40 km/h au-dessus de la limite ». Toutes les zones sont concernées mais certains axes attirent les chauffards, notamment les lignes droites comme la route de Pacy-sur-Eure, celle de Gisors ou des Andelys. Les heures creuses, la nuit notamment, étant leur moment favori.
Une lutte de chaque instant
La mairie et la préfecture agissent de concert afin de réprimer ces comportements, notamment dans le cadre du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) Cela s’illustre notamment par des contrôles routiers communs entre les polices nationale et municipale une à deux fois par semaine. « La sécurité routière est une de nos priorités », affirme le commandant Pairin, « c’est notre axe principal quand il n’y a pas d’appels d’urgence, j’ai 40 agents qui effectuent ce type d’actions toute l’année ». Une vigilance qui lui a permis de relever environ 2500 infractions en 2019, dont 402 délits. Quant à la police municipale, elle consacre une grande partie de son temps aux contrôles vitesse. Désormais, elle est aidée par un outil novateur : la vidéo verbalisation (voir encadré).
Mieux vaut prévenir que guérir
La contravention doit, pourtant, rester le dernier recours. Le but des contrôles : dissuader les conducteurs d’enfreindre la loi. « On ne se cache pas, nous sommes toujours visibles et en uniforme », précise Stéphane Pairin. « Je sais la répercussion que peut avoir un retrait de permis, notamment au niveau du travail », poursuit le commandant, « l’idée n’est pas de pénaliser mais de montrer que nous veillons au grain ». Même approche concernant l’alcool, les policiers se plaçant près des bars afin que personne ne tente de prendre le volant sous l’emprise de la boisson. Certaines discussions avec des propriétaires de bars ont d’ailleurs porté leurs fruits comme avec Jérôme Crépatte, le patron du Chantier, qui a mis en place des outils préventifs comme des alcootests gratuits.
Eduquer dès l’enfance
Sensibiliser les futurs conducteurs en leur apprenant les bons comportements fait également partie du plan développé par la ville. « L’enseignement des règles de sécurité est obligatoire dans tous les établissements et s’intègre dans le programme », assure Annalisa Narcisse, conseillère pédagogique en EPS. Ainsi, les écoliers vernonnais valident-ils une Attestation de première éducation à la route (APER) qui sera complétée, au collège, par l’Attestation scolaire de sécurité routière (ASSR 1 et 2). Pour joindre la théorie à la pratique, l’ancienne école Marcel Beaufour dispose d’une piste tracée permettant d’apprendre le code à vélo. Cette année, 8 classes s’y rendent pour s’entraîner avec leur professeur. Dans le cadre de l’Ecole municipale du sport et de la culture (EMSC), il existe également une classe à option vélo dispensant cet enseignement grâce à un éducateur sportif.
Education, contrôle, pénalisation : un triptyque sur lequel repose l’action municipale pour endiguer les incivilités routières. Au-delà des moyens humains engagés, la réponse est parfois dure comme du béton : des aménagements de sécurité (ralentisseur, chicane…) étant régulièrement construits sur sollicitation des riverains (cf. Vernon Direct n°88). D’ailleurs, quatre d’entre eux sortiront de terre sous peu.
Démocratie participative & sécurité routière
Les riverains sont souvent les premiers à faire remonter à la mairie les problèmes de leur quartier. Pour cela, ils ont l’oreille du service démocratie participative. Ce dernier est d’ailleurs chargé, en partenariat avec la police municipale et les services techniques, de la gestion des 6 radars pédagogiques récemment acquis par la ville. Ces équipements indiquent aux conducteurs leur vitesse et s’ils dépassent ou non la limite autorisée. Mais ils enregistrent également des statistiques, permettant d’informer la police municipale sur les zones où le code de la route n’est pas respecté. Mobiles, ils sont déplacés chaque mois en concertation avec les conseillers de quartier et les riverains suite aux permanences du maire.
C’est d’ailleurs sur leur impulsion que certains aménagements de sécurité ont été réalisés par la mairie. Ainsi, c’est sur demande des habitants de la rue de la Forêt, aux Boutardes, qu’un stop, un passage piétons et un arrêté interdisant les bus ont été mis en place et qu’un aménagement de sécurité verra le jour. L’an dernier, c’était le hameau de Ma Campagne qui était doté d’un feu à récompense passant au rouge en cas de non-respect de la vitesse. A Vernonnet, c’est l’entrée de ville, en face de l’école Pierre Bonnard, qui a été équipée d’un passage sécurisé.